Le barachois de Bonaventure est un milieu exceptionnel de par sa grande biodiversité. Plantes rares, mammifères semi-aquatiques et oiseaux marins font parties de ce qui peut être observé dans l’estuaire de la rivière Bonaventure.
C’est en 2005 que fut officiellement créée la Réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure, première en son genre dans le réseau des aires protégées du Québec. Cette réserve englobe une partie de la rivière, du barachois et même une partie de la côte. Elle a pour but la conservation d’un milieu exceptionnel dans les Appalaches et la protection d’un sanctuaire floristique où l’on trouve des plantes menacées ou vulnérables ou susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables. Le maintien de la biodiversité aquatique et terrestre et la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel sont aussi des raisons d’être de la réserve.
Grandement influencé par les marées et par la rivière, le barachois de Bonaventure est un milieu très riche. Mais qu’est-ce qu’un barachois? Il s’agit d’un plan d’eau peu profond, fermé en partie par une ou deux flèches de sable et alimenté par les marées via une passe. En Gaspésie, où l’on observe la majorité des barachois de l’est du Canada, il existe deux types de barachois : les barachois lagunaires, alimentés seulement par les marées et les barachois estuariens, alimentés à la fois par les marées et par une rivière, comme c’est le cas à Bonaventure. Ces derniers accueillent une faune et une flore plus riche que les lagunes puisqu’on y retrouve des organismes d’eau salée, d’eau saumâtre et d’eau douce.
Du côté des lagunes, entre les flèches de sable et le pont de la route 132, on y observe principalement des organismes marins et côtiers. Plusieurs espèces d’oiseaux, dont les goélands, les mouettes tridactyles, les cormorans à aigrettes et les sternes pierregarin, se nourrissent de petits poissons. Sous la surface, il est possible d’observer des zostéraies, ou forêts de zostères, une plante aquatique qui offre un couvert pour plusieurs espèces de poissons et de crustacés. Cette plante sert aussi de nourriture pour les bernaches du Canada qui envahissent le barachois au printemps et à l’automne, lors de leur migration. Autrefois, la plante servait aussi pour isoler les maisons et rembourrer les coussins et les matelas. L’avantage de la zostère est qu’une fois séchée, elle ne se décompose pas.
En remontant la rivière, on croise les îles de l’estuaire, où il est possible de rencontrer le castor du Canada, le rat musqué, la loutre de rivière et même le cerf de Virginie. On y observe aussi le pygargue à tête blanche, le balbuzard pêcheur, le grand héron et le bihoreau gris, tous à la recherche de poisson. Les ombles de fontaine et les saumons atlantiques sont très présents dans ce secteur, principalement au début de l’été.
Les îles sont un sanctuaire floristique permettant la protection d’espèces de plantes menacées ou vulnérables, dont le gentianopsis élancé variété de Macoun, l’aster d’Anticosti et la muhlenbergie de Richardson. En plus de ces trois plantes, 27 autres sont peu répandues à l’échelle régionale. Ce milieu est donc d’une grande importance et c’est pourquoi les îles sont protégées de toutes activités industrielles.
En amont des îles, l’eau est principalement douce, bien que les marées y aient encore un effet, principalement en profondeur. L’eau salée étant plus dense que l’eau douce, elle reste au fond. Lors des marées montantes, il arrive même de voir des méduses crinière de lion, emportées malgré elles dans la rivière. Les plantes présentes sur le rivage des îles le plus au nord démontrent tout de même un très faible impact de l’eau salée sur la flore.
Avec toute cette variété de faune et de flore, la Réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure est un milieu propice à la découverte. Que ce soit par les Vieux-Ponts, sentier pédestre parcourant les îles en leur milieu ou en excursion nautique à bord du Bécasseau, le ponton du Bioparc, le barachois de Bonaventure vous réserve mille et une surprises. (Mise à jour 2019, les sorties en ponton ne sont plus disponibles)
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’interprétation
Référence : Gouvernement du Québec. 2009. Plan de conservation, réserve aquatique de l’Estuaire-de-la-Rivière-Bonaventure. Québec, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du patrimoine écologique et des parcs. 27 pages.