La neige couvre le sol, le froid est bien installé et Noël arrive à grands pas. Les décorations poussent sur les maisons, mais aussi à l’intérieur de celles-ci. On installe des lumières, des personnages, mais surtout, on décore le sapin. Qu’il soit artificiel ou naturel, il est au centre des décorations, la pièce maîtresse. La tradition remonte bien loin, entre 2000 et 1200 avant Jésus Christ, chez les Celtes, qui fêtaient le solstice d’hiver le 24 décembre en décorant un arbre, l’épicéa, de fruits, de fleurs et de blé. Plusieurs centaines d’années plus tard, en 354, l’Église fait du 25 décembre la célébration de la naissance du Christ, afin de rivaliser avec les fêtes païennes. Un moine allemand, saint Boniface, vers la fin du VIIe siècle, fait couper un chêne pour prouver aux Celtes qu’il ne s’agit pas d’un arbre magique. En tombant, l’arbre écrase tout sur son passage sauf un jeune sapin. On crie au miracle et on commence à planter des sapins partout en Allemagne lors de la fête du 25 décembre. C’est en Alsace, vers 1520, qu’on observe les premiers sapins décorés de pommes, de confiseries et de petits gâteaux. On y ajoute aussi une étoile, qui représente l’étoile de Bethléem.
Les mœurs ont bien changé depuis, tout comme les raisons de décorer le sapin et de fêter Noël. Malgré tout, l’arbre reste au centre des traditions. De plus en plus de gens choisissent un arbre naturel, qu’ils achètent en magasin ou qu’ils vont chercher dans la nature. La forêt boréale, qui couvre une grande partie du Québec, regorge de conifères, aussi appelés résineux. Le nom conifère vient du fait que ces arbres portent des cônes, que les gens connaissent bien sous le nom de cocotte. Les conifères couvrent de grands territoires des régions nordiques. Cela s’explique par la forme de leurs feuilles, les aiguilles, qui leur permettent de conserver l’eau. Les aiguilles sont étroites, ce qui réduit les surfaces d’échange avec l’air, et couvertes d’une épaisse cuticule imperméable, qui limite l’évaporation. Au Québec, on observe une dizaine d’espèces de conifères, certaines se ressemblant plus que d’autres. C’est le cas du sapin, des épinettes et des pins. Plusieurs critères sont utilisés pour déterminer l’espèce, dont la forme, la position et l’agencement des aiguilles, la forme des cônes, l’écorce, etc. Voici donc un petit guide afin de vous aider à choisir un vrai sapin pour Noël.
Le sapin baumier s’observe sur une grande partie du territoire québécois. Comme beaucoup de conifères, c’est un arbre à croissance lente pouvant atteindre vingt-cinq mètres de hauteur et sept mètres de largeur. On le reconnait par sa cime pyramidale, raison pour laquelle il est choisi comme arbre de Noël. Son bois est léger, tendre et de pauvre qualité, c’est pourquoi il est principalement utilisé dans les pâtes et papiers. Ses aiguilles sont plates et ne roulent pas entre les doigts, ce qui permet de le différencier des épinettes. De plus, les aiguilles sont souvent placées de par et d’autre des rameaux, bien que les sapins poussant au soleil ont des rameaux arrondi puisque les feuilles pointent vers le soleil. Les cônes sont dressés sur les rameaux, oblongs, souvent couverts de coulées de résines et de couleur brun-mauve. Ils restent dans l’arbre et ce sont les écailles et les graines qui tombent, laissant des cœurs de cônes sur les branches.
L’épinette blanche est présente sur la majorité de la province. Pouvant atteindre une hauteur de vingt-cinq mètres et une largeur de dix mètres, elle a un bois tendre, léger, élastique et fort, ce pourquoi on l’utilise dans le bois d’œuvre, mais aussi dans les pâtes et papiers. Elle est aussi utilisée dans l’aménagement paysager et le reboisement puisqu’elle a un tronc droit, une cime conique typique et un feuillage dense. Ses aiguilles sont quadrangulaires, ou carrées, et roulent bien entre les doigts. Les rameaux, de couleur brun jaune, sont dépourvus de poils, ce qui permet la différenciation avec l’épinette noire. Les cônes sont cylindriques, pendants, de couleur brun pâle et couverts d’écailles au bout arrondi sans dents.
L’épinette noire a une aire de distribution semblable à celle de l’épinette blanche, bien qu’elle s’étende un peu plus au nord. Plus grande que l’épinette blanche (jusqu’à trente mètres), elle est toutefois beaucoup plus étroite (cinq mètres de largeur). Son tronc est droit, la cime est très étroite et les branches sont courtes, ce qui explique bien sa forme linéaire plutôt que conique. Son bois est léger, tendre, fort et peu résineux, on l’utilise pour le bois d’œuvre et les pâtes et papiers. Ses aiguilles sont quadrangulaires, comme sa cousine l’épinette blanche. On les différencie par les rameaux pubescents (poilus) de l’épinette noire et par les cônes qui ont des écailles légèrement dentées.
Le pin gris a la plus grande aire de distribution des pins du Québec. Il couvre environ la moitié du Québec, du sud jusqu’à la Baie-James. Son bois est lourd, dur et résistant, c’est pourquoi on l’utilise comme bois de charpente, comme bois traité (il absorbe bien les produits) et aussi dans les pâtes et papiers. Il est caractéristique de la forêt boréale canadienne. Il a habituellement un tronc bien droit avec une cime conique clairsemée. Par contre, dans les endroits où il y a beaucoup de vent, il reste petit et à un tronc tordu dans le sens du vent dominant. Ses aiguilles, rigides et légèrement tordues, sont jointes en faisceaux de deux. Les cônes sont de forme variable bien que généralement incurvés. Ils sont jaune fauve luisant et ont la caractéristique d’avoir besoin de grandes chaleurs pour ouvrir, comme les feux de forêts par exemple. Les cônes restent si longtemps sur l’arbre que des lichens peuvent s’y former.
Le pin rouge est présent dans la partie sud du Québec, jusqu’au lac St-Jean et en Abitibi, de même que dans la Baie des Chaleurs. Son bois est léger et relativement dure et il a un tronc droit et bien dégagé, ce qui le rend intéressant pour les plantations québécoises, mais aussi pour utiliser comme poteau pour les fils électriques. Sa cime est conique lorsqu’il est jeune et devient irrégulière en vieillissant. Le pin rouge est favorisé par les feux de forêts puisque ceux-ci éliminent la concurrence. Les aiguilles sont droites, cassantes, luisantes et regroupées en faisceaux de deux, comme chez le pin gris. Les cônes sont de forme ovale, symétriques et pendent sur les branches.
Le pin blanc a une aire de distribution semblable au pin rouge, soit concentré au sud, bien que plus présent en Gaspésie. C’est le plus grand arbre du Québec, capable d’atteindre quarante mètres de hauteur. Son bois est tendre, léger et fort ce qui a amené les premiers colonisateurs à l’utiliser à outrance pour la construction de mâts de bateau. Aujourd’hui, on l’utilise encore en ébénisterie pour la construction de portes, moulures, etc. En vieillissant, la cime devient arrondie et irrégulière. Tout comme le pin rouge, le pin blanc est favorisé lors des feux de forêts. Les aiguilles sont longues, souples, fines et unies en faisceaux de cinq. Les cônes, effilés et cylindriques, peuvent mesurés jusqu’à vingt centimètres, les rendant faciles à identifier.
Tous ces conifères, et les autres, ont un rôle important dans leur écosystème. Ils permettent à plusieurs espèces animales de se cacher, fournissent de la nourriture, que ce soit par leurs cônes ou leurs aiguilles, et offrent un couvert forestier permettant aux animaux de circuler plus facilement en forêt, surtout l’hiver. Bien sûr, ils sont aussi très beaux décorés de lumières, de boules et d’une étoile. Alors lequel choisirez-vous cette année? Le sapin, l’épinette ou le pin?
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation
Sources :
Mader, Sylvia S. (2007). Biology (9th ed.). New York, New York : McGraw-Hill.
Arboquebecium pépinière. Les gymnospermes, [En ligne]. www.arboquebecium.com/fr/arbres-du-quebec/arbres-indigenes/ (Page consultée le 6 décembre 2017)
Répertoire Québec Nature. Plantes vasculaires, [En ligne]. www.repertoirequebecnature.com/francais_vasculaires.html (Page consultée le 7 décembre 2017)
Ressources naturelles Canada. Identifier un conifère [En ligne]. https://aimfc.rncan.gc.ca/fr/arbres/identification/coniferes (Page consultée le 7 décembre 2017)
Noël vert. Histoire et origine de l’arbre de Noël [En ligne.] https://www.noel-vert.com/sapin-de-noel/histoire-du-sapin/ (Page consultée le 7 décembre 2017)