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À la chasse aux coquillages

Les chaudes journées d’été en Gaspésie sont propices aux activités à la plage. Une des plus populaires est la cueillette de coquillages. Certains les cherchent vivants, mais la plupart les ramassent vides, à travers le sable, les galets et les vagues, au gré des marées. Mais de quel animal s’agit-il lorsque l’on trouve des barlicocos ou encore des petites églises? Ce blogue vous aidera à identifier les différents coquillages, mais aussi à apprendre leurs noms, qui peuvent être bien différents en fonction des régions.

Il faut savoir que les coquillages font tous partie de l’embranchement des mollusques. Les mollusques sont des organismes au corps mou, généralement recouvert d’une coquille et ayant un corps divisé en trois parties plus ou moins déterminées en fonction des espèces. Ce grand embranchement est divisé en six classes, dont seulement deux seront abordées dans ce blogue, les gastéropodes et les lamellibranches, plus communément appelés bivalves.

Les gastéropodes sont bien connus puisque plusieurs espèces sont utilisées pour la consommation humaine, comme le buccin commun, communément appelé le bourgot, et l’escargot, qu’on peut trouver en poissonnerie ou à l’épicerie. Le nom gastéropode vient de deux mots grecs et signifie « ventre-pied ». Ils sont caractérisés par une coquille unique, enroulée ou en forme de chapeau, lorsqu’elle est présente et par un large pied ventral.

Quatre espèces de gastéropodes sont communes sur les plages gaspésiennes. Le plus commun est le bigorneau, aussi appelé littorine ou barlicoco. C’est un petit escargot qui se nourrit d’algues microscopiques à l’aide d’une langue rugueuse, appelée radula. Il a la capacité de rester à l’extérieur de l’eau à marée basse grâce à un opercule, petite porte en chitine fermant hermétiquement la coquille.

Le nassaire à trois bandes, appelé « petite église » par les Gaspésiens, est un coquillage rarement plus long qu’un centimètre, qu’on trouve à travers le sable. C’est un charognard d’une grande importance, puisqu’il est capable de sentir les animaux marins en décomposition de loin et nettoie les fonds marins de matière en décomposition.

La patelle, ou chapeau chinois, a une coquille aplatie et un pied musculaire très fort, lui permettant de s’accrocher solidement aux roches du rivage et de résister aux intempéries. Tout comme le bigorneau, il se nourrit d’algues en les broutant sur les roches à l’aide de sa radula.

Finalement, la crépidule commune, que l’on surnomme aussi « pantoufle » ou « petit bateau », a une coquille arrondie avec une plaque de calcaire à l’intérieur. Active lorsqu’elle est jeune, la crépidule se fixe à un endroit vers l’âge de deux ans et y reste pour la vie. Elle se nourrit de particules emprisonnées dans le manteau, une muqueuse présente sous la coquille.

Les lamellibranches, ou bivalves, sont munis d’une coquille ayant deux parties, les valves, attachées par une charnière. Ce sont des ligaments et des muscles qui permettent aux bivalves d’ouvrir et de fermer. Plusieurs espèces de bivalves sont récoltées pour la consommation humaine, c’est le cas de la moule bleue, des pétoncles, de la mye commune et du couteau droit.

La moule bleue est facilement reconnaissable par sa teinte noir bleuté et sa forme de poire. On l’observe souvent en très grand nombre, surtout à marée basse, puisque la moule s’accroche aux rochers et autres substrats à l’aide de byssus, petits filaments collants. Elle filtre l’eau pour en retirer le zooplancton et peut mesurer jusqu’à dix centimètres de long.

Le pétoncle a des valves rondes et deux oreilles près de la charnière. C’est ce qui permet de différencier les deux espèces de pétoncles qu’on peut trouver sur les plages. Le pétoncle d’Islande, ou peigne d’Islande, a une oreille beaucoup plus grande que l’autre. Le pétoncle géant, ou peigne hauturier de l’Atlantique, a des oreilles de même grosseur. C’est le muscle adducteur, aussi appelé noix, qui est consommé chez les deux espèces.

La mye commune, appelée « coque » par les Gaspésiens, s’enfouit dans la boue de la zone intertidale (zone entre la marée haute et la marée basse). Lors des marées hautes, elle sort ses siphons pour filtrer l’eau de mer. Les valves de la mye sont très minces et faciles à briser. D’ailleurs, les goélands sont capables de les trouver à marée basse, s’envolent à cinq ou six mètres dans les airs et les laissent tomber au sol pour ensuite manger l’intérieur.

Le couteau droit porte son nom du fait qu’il ressemble à un couteau, mais aussi parce que le bord de ses valves est coupant et peut causer des blessures lorsqu’il est pêché à mains nues. Tout comme la mye, il s’enfouit dans la boue ou dans le sable et il peut aussi nager en ouvrant et fermant rapidement ses valves, créant ainsi un mouvement d’eau.

En plus de tous ses coquillages, plusieurs autres choses peuvent être cueillies sur la plage. Que ce soit du bois de mer, du verre poli, des agates ou de jolies pierres, les plages gaspésiennes regorgent de trésors cachés. Il ne vous reste qu’à prendre le temps de marcher le long des côtes et d’observer, peut-être trouverez-vous la perle rare.

 

Source : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation