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Gros ours cherche phoque

La neige, la glace et le froid sont bien présents au Québec en janvier. Ils peuvent limiter les activités de certains animaux et même de certains humains. Il y a pourtant des animaux qui font de l’hiver leur terrain de jeu et y sont beaucoup plus confortables. C’est le cas de l’ours blanc, aussi appelé ours polaire.

L’ours blanc a une distribution circumpolaire, on l’observe sur les côtes tout autour de l’océan Arctique. Près du deux tiers de la population mondiale vit au Canada ; le reste est distribué aux États-Unis (en Alaska), au Groenland, en Norvège et en Russie. Il est le plus gros de tous les ours (famille des Ursidés) et il est aussi le plus gros carnivore terrestre. Les mâles, atteignant leur taille maximale vers 8 ou 10 ans, peuvent mesurer jusqu’à 2,8 mètres et peser jusqu’à 800 kilogrammes. La femelle, deux fois plus petite, atteint sa taille maximale vers 5-6 ans, mesure près de 2,5 mètres et pèse jusqu’à 400 kilogrammes. L’ours blanc se distingue des deux autres espèces d’ours canadiennes, l’ours noir et l’ours brun, par un corps moins trapu et plus allongé, mais surtout par la couleur caractéristique de sa fourrure.

Le pelage de l’ours polaire nous apparaît blanc, mais il est en fait transparent. La fourrure est composée de deux types de poils, les jarres longs et lustrés et le duvet court, très dense et près de la peau. Les jarres, ou poils de jarre, sont transparents et ont un noyau creux rempli d’air. Les poils sont composés de kératine, une protéine de couleur blanchâtre, mais l’illusion du blanc est principalement causée par la réflexion de la lumière sur et dans les poils. Ce qui est plus fascinant encore, c’est que la peau de l’ours blanc est noire. La combinaison des poils transparents et de la peau noire permet à l’ours d’accumuler la chaleur du soleil. En plus de le garder au chaud, la fourrure lui permet aussi de se camoufler dans la neige et la glace, ce qui l’aide à chasser le phoque et à éviter les chasseurs.

L’alimentation de l’ours blanc est intimement reliée à son milieu de vie. Sa principale proie est le phoque annelé, mais il s’attaque aussi à d’autres espèces comme le phoque commun, barbus, à crête et du Groenland. À l’occasion, il chasse aussi le morse, le béluga et le narval. C’est grâce à son odorat développé qu’il peut trouver les trous d’air des phoques ou encore les cachettes des jeunes phoques et ce, sous des couches de neiges et de glace de plus de 90 centimètres, à près de un kilomètre de distance. Quand la banquise fond, il peut nager sur de grandes distances et embusquer les phoques se reposant sur des morceaux de glace. En été, l’ours vit sur ses réserves de graisse et conserve son énergie en restant inactif sur de longues périodes. Il est d’ailleurs capable de ralentir son métabolisme pour conserver son énergie et ce à tout moment de l’année, ce qui est une adaptation aux fluctuations annuelles de nourriture dans l’Arctique. En comparaison, l’ours noir et l’ours brun peuvent seulement ralentir leur métabolisme à l’automne, lorsqu’ils entrent en hibernation.

Contrairement à ses cousins noirs et bruns, l’ours blanc n’hiberne pas tous l’hiver. Bien que tous les individus, femelles ou mâles, de tout âge, peuvent s’installer temporairement dans une tanière lors de grands froids ou de tempêtes, seules les femelles gestantes passent plusieurs mois dans une tanière. C’est d’ailleurs là qu’elles vont mettre bas. L’accouplement a lieu en avril-mai, mais, suite à une implantation différée, les embryons s’attachent à l’utérus entre la mi-septembre et la mi-octobre. C’est vers la mi-octobre que la femelle prépare sa tanière, dans un amoncellement de neige. La naissance des oursons, généralement des jumeaux, a lieu entre la fin novembre et le début janvier, après une gestation de deux mois. Les petits mesurent alors environ 25 centimètres, pèsent moins d’un kilogramme, ont les yeux fermés et sont couverts de poils fins. La famille sort de la tanière entre la fin février et la mi-mars, allant jusqu’à avril dans les régions plus nordiques. Les petits restent avec leur mère jusqu’à l’âge de deux ans et demi, en moyenne.

Malgré le fait qu’il vit en région éloignée, l’ours blanc est grandement affecté par l’homme. Plusieurs menaces pèsent sur lui, dont l’empiétement de l’homme sur son habitat, la chasse illégale, la présence de contaminants chimiques dans ses proies et, celle qui est présentement la plus marquante, les changements climatiques. L’ours blanc est d’ailleurs malgré lui devenu l’image des changements climatiques. Avec la réduction de la couverture de glace dans l’Arctique, l’ours perd toujours plus de temps et de place pour chasser le phoque. De plus, comme son cycle de reproduction est lent (les femelles s’accouplent aux trois ans), il est difficile pour la population de se rétablir. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné l’ours blanc comme espèce préoccupante dû à sa vulnérabilité aux activités humaines et à certains phénomènes naturels. Comme il est aussi présent dans plusieurs pays, une collaboration internationale est plus que nécessaire. Heureusement, ce genre de collaboration existe. En 1973, un accord a été signé par les cinq pays qui abritent l’ours blanc afin d’assurer la protection de l’espèce.

Auteure: Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’interprétation

Sources:

Faune et flore du pays. L’ours blanc, [En ligne]. http://www.hww.ca/fr/faune/mammiferes/l-ours-blanc.html (Page consultée le 20 janvier 2020)

Conservation de la nature Canada. Ours blanc, [En ligne]. http://www.natureconservancy.ca/fr/nos-actions/ressources/especes-en-vedette/mammiferes/ours-polaire.html (Page consultée de 20 janvier 2020)

Earth rangers. Polar bears have clear hair, so why do they look white?, [En ligne]. https://www.earthrangers.com/risk/polar-bears-have-clear-hair-so-why-do-they-look-white/ (Page consultée le 20 janvier 2020)

Crédit photo : wikimedia commons