En Gaspésie, comme dans le reste du Québec, les hivers sont longs et froids. Chaque espèce animale doit donc s’adapter et trouver une façon de passer au travers. Le principal problème en hiver n’est pas seulement le froid mais aussi le manque de nourriture. Certains animaux vont migrer, comme plusieurs oiseaux. D’autres vont se couvrir d’une fourrure épaisse comme les lynx et les couguars. Et finalement, les autres vont hiberner. Mais l’hibernation est un sujet qui fait pas mal jaser. Les scientifiques ont de la difficulté à s’entendre sur la définition de l’hibernation et ce depuis des dizaines d’années.
Dans le monde animal, on retrouve des espèces dites à sang-froid et d’autres à sang-chaud. La différence entre les deux est la capacité de réguler la température interne peu importe la température externe. Les grenouilles, par exemple, sont des animaux à sang-froid et donc la température de leur corps varie en fonction de la température de leur environnement. En comparaison, l’Homme a une température constante d’environ 37°C et ce, qu’il fasse 35°C ou -25°C à l’extérieur.
Les animaux à sang-froid des régions froides sont obligés, durant l’hiver, de trouver une méthode pour survivre au froid qui les ferait mourir. Les scientifiques ne s’entendent pas pour dire s’il s’agit ici d’une vraie hibernation ou pas, mais du moins, les animaux à sang-froid tombent dans un état léthargique pour passer au travers des mois froids de l’hiver. Plusieurs amphibiens et reptiles s’enfoncent dans la boue au fond des mares; tout leur métabolisme ralentit, leur température diminue et se stabilise près du point de congélation. La respiration se fait par la peau et est de beaucoup diminuée.
Pour ce qui est des animaux à sang-chaud, bien que capables de réguler leur température, certains ont la tâche plus difficile, généralement à cause de leur grosseur mais aussi de l’alimentation. Plusieurs scientifiques distinguent les vrais hibernants des semi-hibernants. Les vrais hibernants auraient une diminution importante de température corporelle et un ralentissement marqué de leur métabolisme avec des battements de cœurs allant jusqu’à 1 à 2 par minutes. Ces vrais hibernants entreraient dans cet état de torpeur peu importe la température externe mais plutôt à un moment précis de l’année en fonction de leur horloge biologique. De ces vrais hibernants, on compte la marmotte commune et la petite chauve-souris brune. Les semi-hibernants seraient plus en état de dormance durant l’hiver. Donc leur métabolisme est ralenti mais beaucoup moins que les vrais hibernants, et leur température corporelle diminue seulement de quelques degrés. De plus, l’entrée en semi-hibernation serait plus une question de température, donc serait différente d’une année à l’autre. On pense ici à l’ours noir, au raton-laveur et à la moufette rayée. Ces animaux seraient aussi plus facilement réveillés durant l’hiver, soit par un dérangement ou par un réchauffement de la température extérieure. D’ailleurs, c’est pendant son « hibernation » que la femelle ours noir met bas et elle se réveille à l’occasion pour s’occuper de ses petits.
Le concept de l’hibernation est donc un sujet qui est encore très controversé dans la communauté scientifique et les études continuent…
Auteure : Stéphanie Bentz
Référence :
Kayser, C. 1961. The Physiology of Natural Hibernation. Pergamon, New York. Pages 21 à 50.