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Le rongeur qui prédit la météo

Février est l’un des mois les plus froids de l’année. Malgré tout, c’est le 2 février qu’on attend patiemment la prédiction de la marmotte. Est-ce qu’elle verra son ombre ou pas ? Cette tradition autour de la marmotte nous vient de loin, mais connaissons-nous vraiment la marmotte ?

La marmotte commune est un rongeur de la famille des Sciuridés, tout comme les écureuils. Elle est d’ailleurs considérée comme un écureuil terrestre. On reconnait la marmotte par son corps trapu brun et roux, ses petites oreilles rondes et ses pattes courtes et robustes. Elle fréquente plusieurs types de milieux, avec une préférence pour les terrains sablonneux et bien drainés. Elle y creuse un terrier comprenant un réseau de tunnels reliant diverses chambres et deux à cinq entrées. Plutôt solitaire, les marmottes vont établir une dominance entre voisins, marquant leur territoire de façon olfactive, avec un liquide secrété par des glandes situées près de leur bouche.

Durant l’été, la marmotte est active principalement à l’aube et au crépuscule. Elle apprécie de se réchauffer au soleil durant le jour, près de son terrier. Lorsqu’elle est dérangée, elle pousse un sifflement strident, d’où son surnom de « siffleux ». Elle peut aussi courir à 16 km/h, vers une des entrées de son terrier, afin d’éviter un prédateur. Vers la fin septembre, la marmotte obstrue les entrées de son terrier et commence son hibernation. La marmotte n’accumule pas de nourriture pour l’hiver. Elle accumule de la graisse tout au long de l’été. Elle peut ainsi pratiquement faire le double de son poids l’automne venu. Durant l’hibernation, sa température corporelle passe de 37 °C à environ 4 °C et son cœur passe de 80 pulsations/minute à 4 pulsations/minutes. Durant cette période, elle va perdre entre 20 et 48 % de sa masse corporelle.

La marmotte se nourrit de plantes vertes, d’écorce, de ramille et de fruits et légumes du jardin. D’ailleurs, elle est très peu appréciée des jardiniers et des agriculteurs. Elle peut faire beaucoup de dommage en mangeant les plants, en piétinant les pousses et en creusant des trous qui brisent la machinerie agricole. Malgré ces désavantages, la marmotte permet aussi d’aérer le sol et d’enrichir le sol de nitrate et de minéraux, avec ses excréments.

C’est parce que la marmotte hiberne qu’elle a été choisie pour prédire la longueur de l’hiver. La coutume vient d’Europe, où l’on se fiait à différents animaux, en fonction des régions, pour prédire l’arrivée du beau temps pour l’ensemencement des champs. C’était généralement l’ours ou le hérisson qui étaient utilisés. Or, lorsque les immigrants ont apporté la tradition en Amérique, ils ont utilisé l’animal hibernant le plus répandu, la marmotte. Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que les hivers sont plus froids et plus longs en Amérique qu’en Europe, donc, que la marmotte voit son ombre ou pas, l’hiver en a, bien souvent, encore pour au moins six semaines. Que dire alors de la prédiction du 2 février 2015 de Fred la marmotte de Val-D’Espoir ? Fred a vu son ombre, ce qui signifie qu’il reste encore six semaines d’hiver. Alors, que vous soyez comme Fred, qui est retourné dormir jusqu’à la fin de l’hiver ou que vous aimiez jouer dans la neige, attachez votre tuque, l’hiver sera encore long.

 

Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation

Sources : Prescott, Jacques et Pierre Richard. Mammifères du Québec et de l’est du Canada. Éditions Michel Quintin. 2013.