Les animaux de compagnie sont répandus partout dans le monde et sont très variés, mais le meilleur ami de l’homme reste sans équivoque le chien. Avec ces quelques 335 races, le chien montre des caractéristiques typiques des canidés. Il est d’ailleurs une sous-espèce du loup gris, Canis lupus familiaris. La grande famille des canidés, qui inclut, entre autres, le loup, le coyote et le renard, est présente sur tous les continents sauf l’Antarctique. Les canidés sont caractérisés par un long museau, des oreilles droites, une dentition de carnivore leur permettant de déchirer la chair et craquer les os, de longues pattes et une queue touffue. Ce sont des animaux sociaux, vivant en famille ou en groupe, avec une certaine organisation.
Le loup
Le loup gris, Canis lupus, est un canidé de grande taille, mesurant en moyenne 162 centimètres et pouvant peser jusqu’à 42 kilogrammes. La couleur de sa fourrure est variable, dans toutes les teintes entre le blanc et le noir, généralement gris. On le reconnaît à ses oreilles arrondies, son museau large de plus de 25 millimètres et ses grosses pattes de plus de 38 millimètres de diamètre, adaptées à la neige épaisse. Il préfère les milieux boisés, où il vit en meute de 5 à 8 individus en moyenne. Le gros avantage de vivre en meute est qu’il peut s’attaquer à des proies plus grosses que lui comme l’orignal. Il va favoriser les proies faibles, comme les très jeunes, les vieux et les malades, ce qui joue un rôle très important de contrôle des populations. Il s’attaque rarement aux animaux de ferme, contrairement aux histoires qui lui donnent mauvaise réputation, comme le Petit chaperon rouge. Le loup gris est divisé en plusieurs sous-espèces, bien que les biologistes ne s’entendent pas sur le nombre. Ces sous-espèces sont aujourd’hui distribuées en Amérique du Nord et en Eurasie.
Le coyote
Le coyote, Canis latrans, est plus petit que le loup, mesurant en moyenne 128 centimètres avec un poids pouvant aller jusqu’à 23 kilogrammes. Sa fourrure est gris jaunâtre avec des accents de roux. Il a des oreilles pointues, un museau étroit de moins de 25 millimètres et de minces pattes avec un diamètre de moins de 32 millimètres. On observe le coyote dans les milieux ouverts où il chasse des proies plus petites que lui. Il s’attaque rarement à des proies plus grosses lorsqu’il est seul. Il peut s’attaquer à des animaux de ferme. Le coyote est un animal plus solitaire que le loup, bien qu’il peut vivre en paire ou en petit groupe familial de trois ou quatre individus.
L’hybridation
Suite à la dernière glaciation en Amérique du Nord, soit entre 85 000 et 7000 av. J.-C, un ancêtre commun du loup gris et du coyote a évolué en deux espèces avec des niches écologiques distinctes. Le loup, présent partout au Québec où les forêts couvrent le territoire, mange de grands cervidés. Le coyote habite les plaines de l’Ouest, où il se nourrit de petites proies comme le lièvre. Les coupes forestières au 19e siècle, ainsi que la chasse, ont poussé le loup vers le Nord et ouvert le territoire au coyote. Le coyote a rapidement progressé sur le territoire québécois, avec les premières observations dans les années 1940 et son arrivée en Gaspésie dans les années 1970. Cette progression a eu comme effet d’augmenter les rencontres entre le loup et le coyote. Le résultat de ces rencontres est l’hybridation des deux espèces. Normalement, quand deux espèces semblables, mais distinctes se côtoient sur un même territoire, il y a des barrières naturelles à la reproduction comme des comportements différents et des périodes de fertilité incompatibles. Ce type de barrières empêche généralement les croisements. Par contre, lorsque les partenaires se font rares, ces barrières peuvent disparaître. Au Québec, des analyses génétiques sur 154 loups ont montré que 13 % des coyotes ont des gènes de loups et que 37 % des loups ont des gênes de coyotes. En comparaison, au Manitoba et en Saskatchewan, le pourcentage de loups hybride est de 9%. Le résultat et les conséquences de cette hybridation sont débattus dans le monde de la biologie. Certains croient à la dilution du patrimoine génétique du loup, causant éventuellement sa disparition. Certains pensent plutôt à une réponse naturelle aux modifications de l’habitat par l’homme. Ce qui veut dire qu’une nouvelle espèce verra peut-être le jour, mieux adapté à ce nouvel environnement.
Le chien
Le loup et le coyote peuvent facilement s’accoupler et donner des petits viables et fertiles. C’est le cas aussi du chien, comme il est une sous-espèce du loup. Des études génétiques datent la séparation du loup et du chien entre 27 000 et 40 000 ans avant aujourd’hui. Les chiens descendraient de différentes populations de loup. C’est la plasticité du bagage génétique des loups qui aurait permis une aussi grande diversité de races de chien. La domestication du chien a eu plusieurs effets sur ses caractéristiques physiques et son caractère. Les chiens, pour la plupart, sont plus petits que le loup, ont des dents menues, des muscles masticateurs plus fins et une docilité qui nous permet de l’avoir comme animal de compagnie. Deux hypothèses existent quant à l’origine de la domestication du chien. La première implique l’adoption de louveteaux sans parents qui auraient été ramenés au campement par des hommes. La deuxième implique une relation écologique évolutive. Les humains et les loups vivaient dans des milieux semblables, chassaient les mêmes proies, ils se côtoyaient donc naturellement. Les loups avaient avantage à suivre les hommes qui laissaient de grosses carcasses à ronger, alors que les hommes pouvaient voler des proies aux loups quand la nourriture se faisait rare. Il s’agirait donc d’un cas d’auto-domestication du loup à force de côtoyer l’homme. Certaines races sont aujourd’hui bien loin de ressembler à leurs ancêtres le loup. La pureté des races a d’ailleurs pour effet de détruire la variabilité génétique et cause plusieurs problèmes physiques. Le meilleur ami de l’homme est donc avantagé par l’accouplement plus varié, tout comme son ancêtre sauvage.
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation
Sources :
Prescott, Jacques et Pierre Richard. (2013). Mammifères du Québec et de l’Est du Canada (3e édition). Waterloo, Québec : Éditions Michel Quintin.
Baril, Daniel. (2013). Le patrimoine génétique du loup est menacé au Québec. Université de Montréal. Repéré à https://crim.umontreal.ca/notre-ecole/nouvelles-evenements/le-patrimoine-genetique-du-loup-est-menace-au-queb-2795/
Leblanc, Joël. (2015). Domestication du chien : les loups parmi nous. Québec Science. Repéré à https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/les-loups-parmi-nous/
Québec Science. (2017). Loup ou coyote? Les deux! Québec Science. Repéré à https://www.quebecscience.qc.ca/14-17-ans/encyclo/loup-ou-coyote-les-deux/
Leblanc, Joël. (2013). Hybridation : la dénature du loup. Québec Science. Repéré à https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/la-denature-du-loup/