La St-Valentin est la fête de l’amour et plus anciennement, de la fertilité. Elle tient son origine de fêtes païennes romaines et grecques. Devenue par la suite une fête catholique, elle est aujourd’hui plus commerciale. Certaines personnes ressentent beaucoup de pression pour faire plaisir à l’être aimé. Une soirée au restaurant, des fleurs, un pendentif, toutes les techniques sont bonnes pour séduire son ou sa partenaire. Le dénouement de fin de soirée est souvent déterminé par l’effort mis dans le choix de cadeaux et d’activité. D’ailleurs, beaucoup de naissances ont lieu en novembre, des suites de nuits enflammées de St-Valentin. Et chez les animaux? Comment se passe la reproduction? Voici cinq espèces aux techniques de reproduction inusitées.
Escargot des bois
L’escargot est un gastéropode hermaphrodite, c’est-à-dire que chaque individu possède des organes reproducteurs mâles et femelles. Ils ont tout de même besoin d’être deux escargots pour se reproduire, pour féconder les œufs. Lors de la période de reproduction, généralement au printemps et en été, les escargots se rencontrent face à face, après avoir suivi la piste des phéromones. La parade nuptiale comprend une série de caresses baveuses avec les tentacules. C’est à ce moment que commence la partie un peu coquine. Juste avant l’acte, les escargots projettent un « dard d’amour », une structure de calcium ou de chitine présente chez les escargots matures. C’est une fois accrochés ensemble que la copulation peut commencer. Le mucus couvrant le dard, rempli d’hormones, assure le succès reproductif. Le transfert du spermatophore, un petit sac contenant les spermatozoïdes, se fait par le pénis d’un ou des deux individus. L’acte dure plusieurs heures, jusqu’à une quinzaine. Une fois l’accouplement terminé, les escargots produisent des ovules, qui sont fécondés par les spermatozoïdes conservés du partenaire. Quinze à vingt jours plus tard, les œufs sont pondus et le cycle recommence.
Renard roux
Le renard roux est facilement observable, hiver comme été, dans la péninsule gaspésienne. Habituellement monogame, le mâle parcourt de longues distances à la recherche d’une femelle qui signale son intérêt en poussant des cris et en laissant des marqueurs olfactifs. C’est de la fin-décembre à la mi-mars que ce canidé se reproduit. Lorsque la femelle est près de l’ovulation, le mâle la suit partout, afin d’être au bon endroit, au bon moment. Durant la période de fécondation, le mâle a des testicules qui deviennent six fois plus grosses que le reste de l’année. Pendant l’œstrus, soit la période d’ovulation de la femelle, le couple s’accouple à plusieurs reprises. La copulation commence par le mâle qui grimpe sur la femelle et se termine par un verrouillage du pénis à l’intérieur de la femelle, un peu comme on observe chez certains chiens. Le pénis gorgé de sang reste pris dans la femelle, et ce, jusqu’à 90 minutes après l’accouplement. À ce moment, les deux individus sont souvent vus derrière à derrière. Cette technique permettrait d’assurer qu’aucun rival ne puisse féconder la femelle, puisque le temps resté ainsi donne une longueur d’avance aux spermatozoïdes pour se rendre à l’utérus. Malgré cette technique plutôt inusitée, il arrive que la femelle s’accouple avec plusieurs mâles, qui restent, ou non, durant l’élevage des petits.
Punaise de lit
La punaise de lit donne des frissons lorsqu’on y pense. Ce petit insecte à l’odeur sucrée a une façon de se reproduire très particulière. La première chose qu’il faut savoir, c’est que les mâles « souffrent » de priapisme, c’est-à-dire qu’ils ont des érections se poursuivant sur de très longues périodes. Ce phénomène lui permet de s’accoupler jusqu’à 200 fois par jours. Mais ce n’est pas là la partie la plus étrange. Même si la femelle possède des organes génitaux parfaitement formés, le mâle va plutôt utiliser son pénis en spicule, soit en forme d’aiguillons, pour perforer l’abdomen, ou toute autre partie du corps, de la femelle. Cette technique s’appelle l’insémination traumatique. Elle n’est pas sans risque puisqu’il peut aussi introduire des micro-organismes pathogènes pouvant causer des infections. Mais comment la reproduction est-elle possible dans de telles circonstances? Et bien la femelle a développé un organe paragénital qui peut recueillir le sperme. Bien que la majorité des spermatozoïdes sont détruits par le système immunitaire comme de simples parasites, quelques-uns se rendent jusqu’aux ovaires pour les féconder. Le mâle produit d’ailleurs des quantités impressionnantes de spermes afin d’assurer la fécondation. La femelle ainsi fécondée pourra pondre pendant près de six mois, si elle a accès à de la nourriture, du sang, régulièrement.
Balane
La balane est un crustacé fixé à un substrat à l’âge adulte. On l’observe généralement à marée basse, collée sur des rochers ou sur des structures comme les quais. Cet animal est hermaphrodite et possède des organes reproducteurs mâles et femelles. La plupart du temps, deux individus sont nécessaires à la fertilisation. Mais la tâche est difficile puisqu’elle est attachée à son substrat. C’est pourquoi la balane a un pénis extrêmement extensible, pouvant atteindre plus de trente fois la longueur de son corps. C’est le plus grand ratio corps/pénis de tout le monde animal. La balane étend son pénis à la recherche d’une autre balane à féconder. Chez certaines espèces, celui-ci est sectionné et rejeté lors de la mue, qui suit la fécondation. Il se régénère lors de la période de reproduction suivante, afin de redevenir fonctionnel.
Abeille domestique
L’abeille domestique est connue pour sa production de miel, mais très peu pour sa vie sexuelle. Dans la colonie, il y a principalement des femelles, la reine et ses ouvrières. Celles-ci sont non fécondes. C’est la production de phéromones par la reine qui inhibe la reproduction. Au sein de la colonie, il y a aussi des mâles, les faux-bourdons. Ceux-ci sont nourris et entretenus par les ouvrières jusqu’au vol nuptial. Lors de ce vol, la future reine et les faux-bourdons sortent de la ruche pour se reproduire. L’accouplement a lieu dans les airs et dure entre cinq et dix-huit minutes. La seule tâche d’un faux-bourdon, au cours de sa courte vie, est de s’accoupler. C’est pourquoi il donne littéralement tout ce qu’il peut. Lors de l’accouplement, les organes reproducteurs du mâle sortent de son corps et les contractions musculaires les font exploser, laissant une partie dans le corps de la femelle. Cette technique serait utilisée pour éviter que d’autres mâles fertilisent la femelle. Mais les suivants retirent les restants avant de s’accoupler, puisque la reine s’accouple avec huit à douze faux-bourdons, ce qui lui permet d’accumuler jusqu’à sept millions de spermatozoïdes dans une spermathèque. Elle produit même des nutriments qui assurent leur survie jusqu’à la fécondation des œufs. Elle peut d’ailleurs choisir si elle fertilise ou non les œufs. Les œufs fertiles donnent des femelles et les œufs non fertilisés donnent des mâles.
Les pratiques sexuelles des animaux nous semblent complexes, inusitées ou tout simplement bizarres. L’évolution a permis aux animaux de développer les méthodes les plus efficaces pour assurer la procréation. Puisque dans la nature, la reproduction et la survie des gènes sont le but ultime de tout être vivant. Chez l’humain, les pratiques sexuelles n’ont plus uniquement pour but la reproduction, mais font partie intégrante de notre vie en société. Alors, profitez de la Saint-Valentin pour pratiquer l’art de la séduction.
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation
Sources :
Snail-world. Snail reproduction. https://www.snail-world.com/how-do-snails-reproduce/ (Page consultée le 1 février 2019)
Faune et flore du pays. Le renard roux. http://www.hww.ca/fr/faune/mammiferes/le-renard-roux.html (Page consultée le 1 février 2019)
France Punaise. La punaise de lit. https://punaises.fr/punaises-puces-des-lits.htm (Page consultée le 1 février 2019)
Gérard Breton. « Les balanes ». En ligne. 2016. Port vivant. 3 pages. <http://www.scienceaction.asso.fr/sites/default/files/doc_publication/les_balanes.pdf > Consulté le 1 février 2019
Animal Diversity Web. Apis mellifera – honey bee. https://animaldiversity.org/accounts/Apis_mellifera/#reproduction (Page consultée le 1 février 2019)