L’automne arrive à grands pas, la température refroidit et les journées sont plus courtes. La nature se prépare pour passer l’hiver, les arbres changent de couleur et les animaux s’apprêtent à migrer, à entrer en hibernation ou à hiverner.
Pour certains animaux, l’automne est la période de reproduction. De cette façon, les petits naissent au printemps, lorsque la nourriture est disponible. Les mâles d’une famille d’animaux se préparent tout l’été pour être fin prêts au moment de la période des amours, ce sont les cervidés. Au Québec, nous avons trois espèces de cervidés, soit les orignaux, les cerfs de Virginie et les caribous. Plusieurs caractères permettent de les différencier, mais un caractère particulier les unit : le panache.
Le panache est une structure importante pour les cervidés, qui permet aux mâles de déterminer le rang de dominance et la priorité d’accès aux femelles. Il se développe à partir de l’os frontal, c’est-à-dire le devant du crâne. C’est une structure osseuse recouverte de velours, un tissu richement vascularisé qui permet l’apport et le dépôt de sels minéraux sur le panache en croissance. La croissance commence en avril et continue jusqu’à la fin août, début septembre. C’est le niveau de testostérone chez les mâles qui induit la croissance.
Lorsque le taux de testostérone atteint son maximum, le flux sanguin cesse dans le velours et celui-ci sèche et se détache en lambeaux. Afin d’accélérer le processus, les cervidés vont frotter leurs bois sur des arbres et des arbustes. Durant l’automne, c’est le temps de la reproduction. Les mâles comparent leur panache et en viennent parfois à se battre pour établir leur dominance.
Une fois le rut terminé, le taux de testostérone chute et cause la perte du panache, généralement en décembre ou janvier. Il arrive que le panache tombe un côté à la fois, à quelques jours d’intervalle.
Malgré la croyance populaire, le nombre de pointes sur le panache ne permet pas de déterminer l’âge d’un cervidé. En fait, la taille du panache est en lien direct avec la masse corporelle de l’animal et va aussi être influencée par la nourriture, la génétique, le stress et la maladie. La façon la plus efficace de déterminer l’âge du cervidé est de couper horizontalement une incisive et compter les anneaux de croissance comme on le ferait sur un arbre.
Comme l’exception fait la règle, dans la famille des cervidés, une espèce du Québec est différente des autres. Les caribous femelles peuvent porter le panache comme les mâles. On peut tout de même différencier les mâles et les femelles par la grosseur du panache, celui des mâles étant plus grand et complexe, et aussi par le fait que la femelle le garde plus longtemps. Les mâles perdent leur panache à la fin de l’automne alors que les femelles le gardent tout l’hiver et le perdent après la mise bas, au printemps. De cette façon, elle s’assure un accès à la nourriture pour elle et son petit. Le panache commence à croitre vers le mois de juin.
Donc, que ce soit pour démontrer sa dominance ou pour s’assurer un accès à la nourriture, le panache est d’une grande importance, mais de courte durée. Et même si les populations de cervidés sont grandes au Québec, il est rare de trouver un panache en forêt. C’est parce que les rongeurs, comme les écureuils et les porcs-épics, rongent les bois afin de récupérer les sels minéraux qui le composent. Une belle récupération qui montre que dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation
Source :
Prescott, Jacques, J. Ferron et J. Taillon. Sur la piste de nos cervidés. Collection Nature Sauvage. 2013.