Qui n’a jamais vu un petit voleur masqué s’approcher des maisons en quête de nourriture ? Le raton laveur est l’une des espèces les plus adaptables. On le retrouve dans les milieux naturels comme les forêts et les champs, mais aussi dans les villes. Il s’est très bien adapté à l’expansion urbaine.
Un des facteurs qui explique la présence accrue des ratons laveurs en ville est l’accès facile à la nourriture. Comme il est omnivore, il mange de tout et n’a donc pas de difficulté à se nourrir. Les poubelles sont accessibles et plusieurs personnes nourrissent les animaux sauvages, malgré les recommandations de ne pas le faire. Deux autres facteurs favorisent la venue des ratons laveurs dans les villes : l’abondance de gîtes favorables et l’absence de prédateurs naturels. Les seuls prédateurs possibles sont les chats et les chiens.
L’augmentation des populations apporte des modifications dans le comportement des ratons laveurs. En nature, ils sont nocturnes, alors que dans certaines villes, Montréal par exemple, ils sont actifs le jour, pour quémander auprès des Hommes qui les nourrissent. De plus, ils sont très intelligents et réussissent à ouvrir des contenants, des glissières, des portes et même des poubelles avec un mécanisme anti raton laveur. Cet apprentissage est transmis de générations en générations par le biais de l’enseignement des femelles aux petits.
Avec l’augmentation des populations viennent des problèmes. Les ratons laveurs sont de potentiels porteurs de maladies comme la rage et le distemper canin. Certaines de ces maladies sont transmissibles à l’Homme et aux animaux de compagnie. Les ratons laveurs peuvent aussi causer des dommages matériels, lorsqu’ils entrent dans les greniers par exemple. Finalement, lorsque les populations sont beaucoup plus importantes en milieu urbain que dans la nature, il y a des risques de perturber la biodiversité. Prenons comme exemple le Mont Royal à Montréal, où la population est estimée à cent individus par kilomètre carré, par rapport à onze individus par kilomètre carré en moyenne en nature. D’ailleurs, une diminution des populations de salamandre à points bleus ainsi que des rassemblements de ratons laveurs autour des marais de reproduction ont été observés dans le parc du Mont Royal.
Afin d’éviter les problèmes, des programmes de vaccination sont en cours ainsi que des dispersions de vaccins oraux antirabiques sont effectuées. Il est aussi fortement recommandé de ne pas nourrir les animaux sauvages, de ne pas s’en approcher et de bien disposer de nos déchets afin d’éviter d’encourager la présence des ratons laveurs. Ils sont mignons les voleurs masqués, mais apportent leur lot de problèmes.
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’interprétation
Sources :
Denis Fournier, agent technique en aménagement de la faune, Direction des grands parcs et de la nature en ville, Division de la gestion des grands parcs de la ville de Montréal.