Au fil des saisons, les oiseaux observés en Gaspésie changent. Certains restent toute l’année, comme le grand-duc d’Amérique. D’autres migrent vers le Sud, pour y trouver chaleur et nourriture, comme les parulines. Finalement, quelques espèces descendent de l’Arctique pour passer l’hiver dans le sud du Canada. C’est le cas du harfang des neiges, oiseau emblème du Québec.
Le harfang des neiges est un hibou de la famille des strigidés, qui comprend les hiboux et les chouettes. Cette nuance linguistique, puisque seulement observée dans la langue française, discerne les hiboux des chouettes par la présence d’aigrettes sur la tête. Bien que souvent non visibles chez le harfang, celui-ci possède bien de petites aigrettes, souvent cachées sous les plumes de sa tête.
Son plumage blanc tacheté de noir le rend facile à identifier, bien qu’un autre oiseau partageant son aire de distribution, le faucon gerfaut, arbore aussi ces couleurs. Par contre, le harfang des neiges est nettement plus gros que le faucon et ses yeux sont jaunes. Les taches sur les plumes permettent de déterminer le sexe et l’âge des harfangs. Les juvéniles, après avoir perdu leur duvet brun, ont des plumes fortement tachetées. En vieillissant, le nombre de taches diminue. Les mâles deviennent alors presque entièrement blancs alors que les femelles portent toujours des taches, leur permettant de mieux se camoufler durant la couvaison des œufs.
La couleur blanche de son plumage lui permet de bien se camoufler dans la neige. Durant le printemps, l’été et l’automne, il est présent dans la toundra arctique, en Amérique et en Eurasie. C’est dans ce milieu qu’il niche. La femelle choisit un monticule ou une roche pour faire son nid. En étant surélevée, elle peut mieux protéger son nid et ses petits et le vent empêche la neige de s’y accumuler. Le nid est plutôt simple et consiste généralement en une dépression dans le sol. Le nombre d’œufs pondus, entre trois et quatorze, est grandement influencé par la disponibilité de nourriture. Les populations de lemmings, principale proie des harfangs, varient d’une année à l’autre, influençant ainsi les naissances chez les harfangs. Il se nourrit aussi d’autres petits mammifères et d’oiseaux comme le lagopède. Mâle et femelle, qui forment généralement un couple à vie, s’occupent des juvéniles jusqu’au début de l’hiver où a lieu la migration vers le Sud.
Durant l’hiver, le harfang migre vers le sud du Canada et le nord des États-Unis d’Amérique. Il y trouve abondance de nourriture, plus facile à trouver que dans l’Arctique. Il se nourrit alors de petits mammifères et d’oiseaux. Il choisit les milieux ouverts, comme des champs, pour s’installer en attente de sa proie. C’est grâce à sa vue et son ouïe exceptionnelles qu’il est capable de détecter des mouvements à un kilomètre de distance et entendre les animaux se promenant sous la neige.
Contrairement à la majorité des strigidés, le harfang des neiges est diurne. Il chasse donc durant le jour, ce qui est très avantageux considérant qu’il passe son été dans l’Arctique, où le soleil est présent 24 heures sur 24. Comme il passe beaucoup de temps dans les milieux froids, le harfang est bien adapté pour affronter les pires conditions. Il possède des plumes épaisses, sous lesquels se trouve une importante couche de duvet, qui l’isolent et lui permettent de garder une température corporelle entre 30 et 40 °C malgré des températures de – 50 °C. Des plumes cachent aussi son bec et ses pattes.
Parfaitement protégé du froid dans son habit blanc, le harfang des neiges nous offre un spectacle magnifique. Qu’il soit perché sur un lampadaire, assis au sol dans un champ ou encore en pleine attaque, il est très impressionnant. Comme tous les oiseaux de proie du Québec, il est protégé par la Loi. Il est donc interdit de le chasser, ou même de posséder une de ses plumes. Malheureusement, il arrive qu’il soit trappé accidentellement ou frappé par une voiture. C’est le cas du harfang des neiges présent au Bioparc. Snowball a été frappée par une voiture et a perdu une aile des suites de ses blessures. Comme elle ne peut retourner en nature, elle est au Bioparc, emblème de son espèce. Si vous êtes témoin d’un accident ou encore d’une trappe accidentelle, il est important de communiquer avec les agents de la faune de votre région. En attendant de pouvoir visiter Snowball durant la relâche scolaire, habillez-vous comme un harfang et allez profiter de notre bel hiver.
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation
Sources :
The Cornell Lab of Ornithology. Snowy owl, [En ligne]. https://www.allaboutbirds.org/guide/snowy_owl/id (Page consultée le 9 janvier 2018)
Paquin, Jean. (2003). Guide photo des oiseaux du Québec et des Maritimes. Waterloo, Québec : Éditions Michel Quintin.
Weir, Ronald D. (2013). Le harfang des neiges. Repéré à http://www.hww.ca/assets/pdfs/factsheets/50th/CRA_13072_HWW_Factsheet_SnowyOwl_FR_R2.pdf