Les oiseaux de proie sont des êtres majestueux d’une grande importance dans leur écosystème. Il s’agit, entre autres, des aigles, buses, hiboux et chouettes. Malgré leur taille imposante et leur force, ces animaux sont très fragiles et plusieurs populations ont connu des périodes difficiles, causant un déclin des populations. Bien qu’aujourd’hui la plupart des populations se portent mieux, certaines sont encore vulnérables.
Les oiseaux de proie se nourrissent de mammifères, d’oiseaux et de poissons, selon l’espèce, mais ce n’est pas une caractéristique unique, puisque plusieurs autres oiseaux sont carnivores. Ils ont un bec crochu et coupant, très utile pour déchiqueter la viande. Comme ils avalent leur proie en entier, tout ce qui ne se digère pas, plumes, poils, os et dents est régurgité sous forme de boulette. C’est d’ailleurs grâce à ces boulettes qu’il est possible de déterminer l’alimentation d’un oiseau de proie. Ce qui caractérise les oiseaux de proie est la présence de serres, ces grandes griffes recourbées au bout des orteils leur permettant de saisir et de tuer leur proie. Les autres oiseaux mangeant de la viande utilisent plutôt leur bec pour attraper les proies.
Plusieurs menaces pèsent sur les populations d’oiseaux de proie. La perte d’habitat a été la première cause de déclin des populations lors de l’arrivée des humains au Québec. Par la suite, ils ont été chassés parce qu’ils étaient perçus comme effrayants, mais aussi parce qu’ils faisaient fuir le gibier et s’attaquaient parfois aux petits animaux de ferme. Avec l’arrivée de l’industrialisation, ce sont les polluants qui ont affecté de façon marquante les populations d’oiseaux de proie. Le DDT par exemple, un pesticide largement utilisé dans les années cinquante, a presque mené à l’extinction le faucon pèlerin et le pygargue à tête blanche. L’accumulation de DDT dans le corps causait un amincissement de la coquille des œufs ce qui empêchait les oiseaux de bien se reproduire. Banni au Canada à la fin des années soixante-dix, le DDT est encore présent dans l’environnement, mais les populations de faucons et de pygargues ont repris du mieux.
Aujourd’hui, tous les oiseaux de proie sont protégés en vertu de la loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. Il est interdit en tout temps de chasser, piéger ou d’avoir en sa possession un oiseau de proie, vivant ou mort. Le dérangement d’un nid ou le prélèvement d’œufs sont également défendus. Malgré cette loi, plusieurs oiseaux sont blessés, tués ou enlevés chaque année. Un organisme québécois s’occupe des oiseaux blessés ou orphelins. Créée en 1987, l’Union québécoise de réhabilitation des oiseaux de proie (UQROP) soigne et réhabilite des centaines d’oiseaux de proie par année. L’UQROP a deux mandats : le premier consiste à soigner les oiseaux de proie sauvages blessés, malades ou orphelins. Ils collaborent avec la Clinique des oiseaux de proie de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Leur deuxième mandat se situe au niveau de l’éducation, afin de faire connaitre les oiseaux de proie et les menaces qui pèsent sur leur population.
Le Bioparc accueille des oiseaux qui ont été blessés puis soignés par l’UQROP, mais qui ne peuvent retourner en nature. C’est le cas d’Odace et Diabolo, deux pygargues à tête blanche, ainsi que Snowball, un harfang des neiges. Les deux pygargues ont été victime de braconnage et, des suites de leurs blessures, ont dû se faire amputer une demi-aile. Le harfang des neiges a été victime de la route. À la suite d’une collision avec une voiture, il a dû se faire amputer une aile complète. Ces trois oiseaux de proie seraient incapables de se nourrir en nature. Le Bioparc leur offre donc un endroit tranquille pour passer le reste de leurs jours.
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation