Le blogue du Bioparc

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Que mange-t-on pour Noël? Dinde ou dindon?

Avec Noël qui arrive, tout le monde se prépare; on achète des cadeaux, des réserves de nourriture et de boissons et surtout, la pièce de résistance, la dinde. Mais d’où vient la dinde que nous mangeons avec de la farce et de la sauce aux canneberges. Est-ce qu’elle est pareille au dindon sauvage qui fait de plus en plus parler au Québec? C’est ce que nous allons aborder dans le présent blogue.

L’histoire de la dinde commence il y a environ 2 500 ans, lorsque les Amérindiens du sud des États-Unis et du Mexique domestiquent le dindon sauvage pour s’en nourrir. À cette époque, le dindon sauvage était présent du Canada au Mexique. Au 16e siècle, les conquistadors espagnols ramènent des dindes en Europe, suite à leurs explorations. Ils l’appellent alors « coq d’Inde » ou « poule d’Inde », puisqu’ils croyaient être en Inde, et non en Amérique. C’est de là que viendrait le terme dinde. La dinde est devenue un plat de choix en Europe, remplaçant l’oie sur les tables du temps des Fêtes. Lorsque les Européens sont venus coloniser l’Amérique, ils ont ramené avec eux la dinde domestique, ne sachant pas que le dindon sauvage était déjà présent et étonné que les Amérindiens l’avaient déjà domestiqué. Suite à des chasses intensives et des pertes d’habitats majeures, la population américaine de dindon sauvage a décliné. Ceux-ci ont même disparu du Canada dès 1900. Ils ont été réintroduits à plusieurs endroits aux États-Unis, et c’est en 1976 que les premières observations ont été faites au Québec. En 1984, les premières preuves de nidification ont été observées.

En 2005, le dindon sauvage a été relocalisé dans certaines régions du Québec, où il était déjà présent ou avait déjà été observé, afin d’aider les populations. Aujourd’hui, les populations de dindons sauvages du Québec sont en expansion. Elles sont favorisées, tout comme le cerf de Virginie, par les changements climatiques et la déforestation à des fins agricoles, leur offrant du grain résiduel en quantité. Il est observé dans les régions les plus méridionales, la Montérégie, l’Estrie, l’Outaouais et le Centre-du-Québec. Il est aussi observé, en plus petite quantité dans les Laurentides, Lanaudière, en Mauricie et en Chaudière-Appalaches. Depuis 2008, le dindon sauvage est chassé au Québec et cette chasse est de plus en plus populaire.

Bien que le dindon sauvage et la dinde domestique soient génétiquement la même espèce, plusieurs différences les séparent. De par la sélection lors de la domestication, les dindes ont des poitrines surdimensionnées, un poids d’en moyenne 13.5 kg et des pattes plus courtes. Le dindon sauvage pèse en moyenne 7 kg et a des pattes plus longues. C’est ce qui permet au dindon de voler sur de courtes distances jusqu’à 89 km/h et courir jusqu’à 40 km/h. La dinde elle, ne peut voler et court beaucoup plus lentement. Une autre différence frappante est la couleur. Le dindon a des plumes foncées avec une iridescence bronze-verte sur la majorité du corps. Les dindes domestiques sont souvent blanches, quoique certaines aient des plumes de couleur. La couleur, le vol et la vitesse de course sont des avantages pour le dindon sauvage qui a besoin de se protéger des prédateurs. Il dort généralement dans les arbres la nuit, peut s’échapper en courant ou encore se camoufler. C’est d’ailleurs comme ça qu’il échappe aux chasseurs. En plus de tous ces avantages, le dindon sauvage a une bonne vue et est un animal rusé. La dinde domestique, élevée loin des prédateurs, n’est pas du tout adaptée et devient une proie facile lorsqu’elle se retrouve dans un milieu sauvage.

Alors que vous mangiez la dinde Butterball ou un dindon sauvage pour Noël, vous mangez la même espèce. Mais vous n’aurez pas du tout la même expérience. La dinde est plus large et moins goûteuse que le dindon sauvage. Quoi qu’il en soit, il y en a pour tous les goûts! Joyeuses Fêtes!

 

Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation

 

Sources :

South Carolina Department of Natural Resources. Wild and domestic turkeys: birds of a different feather. http://dnr.sc.gov/news/yr2013/nov21/nov21_turkey.html (Page consultée le 3 décembre 2018)

Ministère Forêts, Faune et Parcs. Plan de gestion du dindon sauvage au Québec 2016-2023. https://mffp.gouv.qc.ca/faune/chasse/plan-gestion-dindon-sauvage.jsp (Page consultée le 5 décembre 2018)