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Tempête de plumes

On le trouve toujours en groupe, il se nourrit au sol et ressemble à une petite tempête de neige lorsqu’il s’envole. Le plectrophane des neiges, anciennement appelé bruant des neiges, est un visiteur de la Gaspésie durant l’hiver. On ne le trouve pas que dans la péninsule, mais aussi dans tout le sud du Québec à partir du Lac-Saint-Jean.

Le nom plectrophane vient de deux mots grecs plektron et phainein, qui réfèrent à la longue griffe du doigt postérieur, caractéristique partagée avec d’autres passereaux arctiques. Sa distribution circumpolaire implique qu’il niche dans le Grand Nord canadien, en Alaska et au Groenland, mais aussi dans le nord de la Scandinavie et de la Russie. C’est d’ailleurs le passereau qui niche aux plus hautes latitudes arctiques. Vers le mois de septembre, il migre vers le sud, mais pas au chaud comme la plupart des oiseaux migrateurs. Il passe l’hiver dans les Maritimes, dans la Vallée du St-Laurent, des Grands-Lacs et dans les Prairies. Du côté eurasien, il descend vers les steppes de la Sibérie. C’est donc un oiseau adapté au froid, capable de résister sans problème à des températures de -40°C.

Dans son aire de nidification, le plectrophane diversifie son alimentation en y ajoutant des bourgeons foliaires d’arbustes arctiques, des insectes et des araignées. Le nid est construit par la femelle, souvent dans une cavité rocheuse à l’abri des prédateurs. Elle y met ce qu’elle peut trouver dans la toundra soit de la mousse, des herbes, du poil et des plumes. Le froid de ses régions l’oblige à couver sans arrêt pendant 10 à 15 jours. Le mâle lui apporte de la nourriture pendant ce temps. Les petits restent au nid entre 9 et 15 jours et doivent grandir vite, afin de pouvoir suivre les parents dans la migration automnale vers le sud.

Dans son aire d’hivernage, on observe le plectrophane dans les battures, sur les plages et les champs de cultures agricoles. Les grands espaces sont son endroit de prédilection. Il y trouve sa principale source de nourriture, le grain. Lorsque celui-ci n’est plus disponible, suite à une chute de neige par exemple, il peut parcourir des centaines de kilomètres en quelques jours à la recherche de champ où le grain est accessible.

Bien adapté à l’hiver, il apprécie les bains de neige. Lorsqu’il fait très froid, le plectrophane s’enfouit sous la neige où il fait plus chaud. Une autre adaptation est la couleur de son plumage. Presque entièrement blanc, il se camoufle bien sur la neige, évitant ainsi la plupart des prédateurs. Il forme aussi des groupes et se déplace presque toutes les dix minutes à la recherche d’un nouvel endroit pour se nourrir.

Alors, sortez jouer dans la neige et profitez du spectacle de ces petits groupes d’oiseaux blancs qui ressemble à une tempête de neige.

Auteure: Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’interprétation

Sources:

The Cornell Lab of Ornithology. Snow Bunting, [En ligne]. https://www.allaboutbirds.org/guide/Snow_Bunting/id (Page consultée le 9 février 2016)

University of Michigan Museum of Zoology. Plectrophenax nivalis, [En ligne]. http://animaldiversity.org/accounts/Plectrophenax_nivalis/ (Page consultée le 9 février 2016)

Bonneau.P. (hiver 2019-2020. Le plectrophane des neiges, un bruant bien nommé. Nature Sauvage, 42142529, 19-22.

Crédit photo : Wikimedia commons