Le printemps s’est finalement installé, les rivières sont dégarnies de glaces et on peut déjà observer des pêcheurs sur les berges. Mais dans les rivières, une migration importante s’opère et est même méconnu pour la plupart d’entre nous.
Bien que la plupart des poissons passent leur vie au même endroit, que ce soit dans une rivière, un lac ou dans l’océan, certains poissons font des migrations impressionnantes au moment de la reproduction. Des poissons, comme le saumon atlantique et l’omble de fontaine, vont remonter les rivières durant l’été pour frayer, tandis que d’autres poissons, comme l’anguille, vont descendre les rivières. On les identifie alors respectivement comme poissons anadromes et catadromes.
Les poissons anadromes, tels le saumon atlantique et l’omble de fontaine, sont bien connus des amateurs de pêche sportive. Au printemps, les adultes qui ont passé quelques années en mer pour se nourrir, se dirigent vers leur rivière natale. C’est l’odeur de leur rivière qui leur permet de retourner, presque assurément, vers leur lieu de naissance. Tout au long de l’été, les poissons remontent les rivières pour atteindre les frayères à l’automne. Celles-ci sont caractérisées par des cours d’eau peu profond, bien oxygénés, ayant un lit de gravier. Les œufs passent l’hiver dans le gravier puis les jeunes sortent le printemps suivant. Les adultes ayant passé l’hiver dans la rivière peuvent retourner en mer alors que c’est après deux ou trois années en rivière que les juvéniles sont prêts à aller découvrir la mer.
Bien que les saumons atlantiques et les ombles de fontaine soient capables d’effectuer de grandes migrations, certaines populations vivent en eaux douces exclusivement. On les retrouve dans des grands lacs et des rivières. L’avantage pour ces poissons de passer une partie de leur vie en mer est que les proies y sont plus grosses. Les saumons et les ombles deviennent alors plus gros que leurs homologues d’eau douce, ce qui les rend plus efficaces lors de la reproduction.
Les poissons catadromes sont moins bien connus des pêcheurs sportifs. L’anguille d’Amérique est pourtant une espèce très importante puisqu’elle a la plus grande répartition de tous les poissons d’Amérique du Nord. Contrairement aux saumons et à l’omble, l’anguille passe sa vie adulte, jusqu’à vingt ans et même plus, en eau douce, très loin dans les rivières. C’est à partir du mois d’août à décembre que les anguilles des populations d’anguilles d’Amérique entament leur migration vers la mer des Sargasses, à l’est de la Floride. Cette mer est réputée pour être calme et surtout pour son abondance d’algues. C’est dans ce milieu que les anguilles, arrivées d’Amérique du Nord et d’Europe, se reproduisent, apparemment sans croiser les populations. À la naissance, les jeunes anguilles sont transportées par les courants vers les eaux côtières.
Contrairement aux saumons et aux ombles, les anguilles ne retournent pas nécessairement vers une rivière en particulier. De plus, la reproduction de cette espèce reste un mystère de la science. L’hypothèse la plus probable est que les adultes meurent suite à la reproduction, mais des études sont encore nécessaires afin d’en savoir plus sur cette espèce.
Tous ces poissons passent à travers des conditions extrêmes pour assurer la reproduction de leur espèce. Malheureusement, de nombreuses menaces affectent ses poissons. C’est le cas, par exemple, des barrages hydroélectriques et de leurs turbines. L’anguille d’Amérique est d’ailleurs classée « Menacée » selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Il est donc très important de respecter les règlements lors de la pêche sportive et de favoriser l’achat de poissons pêchés de façon durable. Alors, bonne pêche et bon printemps!
Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation
Source :
Hickman, Cleveland, Larry Roberts, Susan Keen, Allan Larson, Helen l’Anson et David Eisenhour. Integrated principles of zoology. New York : McGraw-Hill, 2008. Imprimé.