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Nouvel emblème aviaire du Canada

Les pays, les provinces, et même les régions se dotent d’emblèmes, qui sont des symboles représentant leur peuple. Le Canada a comme emblème officiel, depuis 1975, le castor du Canada, qui fût important pour la traite de fourrure au début de la colonisation du pays. En 1996, l’érable est devenu l’emblème arboricole, puisqu’on observe au moins une espèce d’érable dans chacune des provinces. Cette année, pour le 150e du Canada, un emblème aviaire a été choisi. Il s’agit du mésangeai du Canada, anciennement appelé geai gris ou geai du Canada.

Le mésangeai du Canada était l’un des cinq oiseaux considérés comme emblème. Il y avait aussi le plongeon huard (emblème aviaire de l’Ontario), le harfang des neiges (emblème aviaire du Québec), la bernache du Canada et la mésange à tête noire (emblème aviaire du Nouveau-Brunswick). Chaque espèce était défendue par un chercheur auprès de la Société géographique royale du Canada et le mésangeai a été décrit comme « un animal intelligent, amical et flexible, comme les Canadiens » par David Bird, professeur de biologie à McGill. Plusieurs points jouaient en sa faveur; il est présent dans toutes les provinces et territoires du pays, il reste sur le territoire canadien toute l’année (ne migre pas vers le sud durant l’hiver) et n’est pas l’emblème d’une des provinces.

Faisant partie de la famille des Corvidés, le mésangeai du Canada est le cousin du grand corbeau, de la corneille d’Amérique et du geai bleu. Ce sont des animaux reconnus comme étant intelligents, voire même capables d’utiliser des outils pour trouver leur nourriture. Facilement reconnaissable, le mésangeai est gris, foncé sur le dos et la queue et pâle sur la poitrine, avec un motif de blanc et de noir sur la tête. Son plumage épais et duveteux, qu’il gonfle en hiver, lui permet de rester au chaud, en couvrant même ses pattes. C’est d’ailleurs une des raisons qui lui permet de rester toute l’année sur son aire de distribution.

Un autre facteur contribuant grandement à sa survie au Canada toute l’année est sa capacité d’entreposer de la nourriture. Il se nourrit d’insectes, d’araignées, de baies, de petits mammifères, d’œufs, d’oisillons, de champignons et de charogne. Toute nourriture qui excède ses besoins immédiats est couverte de salive gluante puis cachée à travers le territoire, sous l’écorce ou le lichen des arbres, ou encore sur une branche. Les réserves sont entreposées à plusieurs endroits, afin d’éviter le vol. Lors des journées d’été, il peut cacher près de mille éléments de nourriture. De plus, il a une excellente mémoire spatiale, lui permettant de retrouver tout ce qu’il cache.

Ces réserves de nourriture lui permettent de nicher tôt en saison, bien avant les autres oiseaux nicheurs qui attendent l’abondance de nourriture du printemps. Le couple, qui reste uni pour la vie sur le même territoire, commence la construction du nid parfois aussi tôt que février et la ponte a lieu en mars. Les petits sont donc autonomes vers la fin avril, mi-mai. Cette nidification hâtive a l’avantage de laisser beaucoup de temps pour faire des réserves de nourriture, indispensable à la survie du mésangeai durant les journées froides d’hiver où la nourriture se fait rare. Durant l’été, la recherche de nourriture se fait en groupe familial, composé du couple et du juvénile ainé, qui aura chassé ses cadets du territoire. Cette technique de recherche est efficace pour la détection de prédateur, comme l’autour des palombes, et pour trouver la nourriture.

Malgré son abondance dans les forêts boréales canadiennes, le mésangeai du Canada est susceptible de voir sa technique de conservation dérangée par les changements climatiques. Le réchauffement nuit à ses réserves de nourriture, surtout au sud de son aire de distribution. Peut-être devra-t-il, comme beaucoup d’espèces, se déplacer plus au nord. Seul l’avenir nous le dira. En attendant, profitons de cette belle espèce, emblème de notre pays, le Wisakedjak comme le nommaient les Algonquins, ce qui veut dire « passeur de savoirs, messager pour ses frères humains ». [1]

 

Auteure : Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation

Sources :

Faune et flore du pays. Le Mésangeai du Canada [En ligne]. http://www.hww.ca/fr/faune/oiseaux/le-mesangeai-du-canada.html (Page consultée le 7 septembre 2017)

Leboeuf, Michel (Automne 2017). « Le mésangeai du Canada Vedette boréale d’un monde en mutation ». Nature Sauvage, no 37, p. 36-40.

The Cornell Lab of Ornithology All About Birds. Gray Jay [En ligne]. https://www.allaboutbirds.org/guide/Gray_Jay/id (Page consultée le 7 septembre 2017)

Crédit photo : Wikimedia commons

[1] Leboeuf, Michel (Automne 2017). « Le mésangeai du Canada Vedette boréale d’un monde en mutation ». Nature Sauvage, no 37, p. 36-40.